Sandra Laugier

Professeure de philosophie à l'Université Paris I Panthéon Sorbonne

La démocratie radicale, le perfectionnisme et la désobeissance civile

Je peux et dois m’opposer à la loi commune, m’isoler de la société, si je ne m’y reconnais pas. La désobéissance se fonde que sur un principe moral, la confiance en soi, qui encourage l’individu à refuser la loi commune et acceptée des autres, en se fondant sur sa propre conviction qu’elle est injuste. Compter sur soi-même, c’est cela : faire confiance à sa propre pensée, y compris contre les autres – et l’exprimer en public, trouver sa voix. Le vrai individualisme, fondé sur la confiance en soi (Self-reliance) est ainsi une réappropriation de la voix :

« Croire votre pensée, croire que ce qui est vrai pour vous dans l’intimité de votre coeur est vrai pour tous les hommes – c’est là le génie. Exprimez votre conviction latente, et elle sera le sentiment universel; car ce qui est le plus intime finit toujours par devenir le plus public ». (Emerson).

L’idée de désobéissance n’a pas d’autre fondement : c’est la conviction qu’une démocratie ne peut se fonder que sur la confiance en sa voix, et la capacité à se sentir exprimé. Dans une société démocratique, chacun construit son identité en instaurant quotidiennement un rapport fragile entre sa subjectivité et le collectif, entre le « je » et le « nous ». Mon consentement à la société et à son pouvoir politique est alors constamment en conversation. Mon ancrage dans la communauté me donne une « voix » qui me permet de parler au nom des autres, mais aussi d’exprimer que je ne veux plus parler pour une société injuste, ou la laisser parler pour moi.

Livres :

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